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mezonemo dre-holl
16 juin 2007

Sasmira

Vous connaissez la maxime : "Peu importe la destination, ce qui compte, c'est le cheminement" ?
C'est à cela que je pense lorsque je relis Sasmira. Et cela fait bien 10 fois au moins que je le relis. Vous connaissez ?

SasmiraNB

En deux mots, Sasmira est une BD. Mais c'est plus que cela.
Sasmira est paru il y a dix ans, premier tome d'une saga annoncée comme devant en comporter quatre. A ce jour, on attend toujours le deuxième.
Renseignement pris, l'auteur, Vicomte, est en panne d'inspiration depuis 10 ans, déchirant régulièrement les planches qu'il produit et qu'il juge indignes, cherchant l'inspiration au fond des bouteilles d'alcool, en vain vraisemblablement.. Voilà ce que c'est de placer la barre haut. Et plus le temps passe, plus la pression monte.

Sasmira est un concentré de ce que j'aime : Un dessin réaliste et délicat, au service d'une intrigue ésotérique et captivante où l'humour reste cependant présent.
Sasmira traite de l'imbriquation d'époques différentes dans un lieu unique. Combien de fois ai-je rêvé devant une photographie prise au début du XXème siècle d'un lieu que je connais bien pour y passer souvent, comme celle-ci :

1911

Je pourrais passer des heures, essayant "d'entrer dans la photo", je voudrais tant arpenter les rues et cheminer dans la ville, me promener, parler à ces personnes mortes depuis longtemps.. Et en même temps, ressentir cette panique, cette inquiétude de reconnaître des lieux auxquels sont attachés des souvenirs qui n'existent que dans mon esprit, souvenirs d'événements qui n'ont pas encore eu lieu, de personnes qui ne sont pas encore nées.. Quand on y pense intensément, on sent son esprit se heurter au paradoxe temporel, une barrière que la raison dresse sur la voie de l'imagination. Je m'imagine remontant la rue, et remarquant ce photographe installé avec son appareil à pied, prêt à prendre la photo que j'ai vue 100 ans plus tard..

C'est ce qui arrive au héros de Sasmira.. Il tombe en possession d'une photo d'une belle journée prise dans le parc d'un château, avant la Grande Guerre, environ un siècle plus tôt, un homme en cannotier, une femme avec ombrelle, un enfant en costume marin et à la fenêtre une silhouette. Et un jour, il se retrouve à la fenêtre de ce château, et voit la scène de la photographie, il fait face au photographe : La silhouette à la fenêtre, c'était lui ! A 1 siècle d'intervalle !

L'intrigue est lancée, on sent l'idée du passage d'une époque à une autre, une faille dans le "continuum spatio-temporel" comme on dit quand on veut se la jouer.. N'empêche, l'appât est lancé, et moi j'ai mordu il y a déjà 10 ans.. Plus le temps passe et plus je me dis que la suite, si elle paraît, ne pourra que me décevoir.. c'est sûrement ce que ressent également Vicomte. Comment trouver une suite satisfaisante, un dénouement qui tienne la route ? Deux solutions se présentent : la première où l'on donne une explication. Elle sera forcément décevante, car comment expliquer l'irrationnel, sinon par des contorsions alambiquées ? On ressentira alors la même frustration que lorsque l'on dévoile le truc de l'illusionniste. La deuxième solution, laisser la question en suspend. Et là, on ressent la frustration d'avoir été mené en bateau.. Décidément, l'attrait du mystère réside justement dans.. le mystère lui même.. Peu importe la destination, seul compte le cheminement.

J'espère que ces quelques mots vous donneront envie de découvrir Sasmira.


PS : voici un entretien donné par Vicomte l'année dernière. Trouvé sur http://www.universbd.com/spip.php?article2623
A ce jour, toujours pas de tome 2 !

Alors justement, où en êtes-vous sur ce tome 2 ?

C’est la question qui tue ! Un peu près à la moitié mais ça fait un an que je dis ça !! En fait, je viens de déménager sur Nîmes et puis j’ai consacré trois mois à l’écriture d’un autre scénario... Mais le tome 2 paraîtra en 2006, promis !

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Tome 1 de Sasmira

© Vicomte/Les Humanoïdes Associés

9 ans, c’est quand même long entre 2 albums ?

Arrêtez de remuer le couteau dans la plaie !!
Au départ j’avais la colonne vertébrale de l’ensemble de l’histoire, mais je m’étais laissé volontairement des espaces de liberté pour "jouer" et être moi-même "en voyage" dans mon propre travail. Et puis, j’ai été contacté par des personnes d’Hollywood qui avaient lu le tome 1 et qui étaient intéressées par Sasmira. Les Humanos m’ont donc demandé d’écrire une sorte de méga-super-synopsis sur l’ensemble de l’histoire pour présenter le projet. J’ai travaillé 3-4 mois là-dessus et après ça m’a bloqué pour dessiner car j’avais l’impression que mon travail était fini. Tout est dans la tête et il n’y a plus qu’à. Et ce "plus qu’à" devient un peu besogneux. J’en ai parlé à André Juillard qui à l’époque dessinait Le Cahier Bleu et il m’a dit qu’il avait ressenti la même chose...

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Commentaires
A
les recontres les plus improbables finissent toujours par arriver...souris moi encore...
mezonemo dre-holl
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